Avec Knightriders, George Romero quittait le registre du film d'horreur pour transposer la légende du Roi Arthur dans l'Amérique profonde. Sans oublier d'inclure au passage quelques joutes épiques mettant en scène des chevaliers juchés sur des motos !
Au vue de cette affiche, on s'attendrait à un Mad Max médiéval, une fantaisie heavy metal pleine de bruit et de fureur où des chevaliers juchés sur des montures customisées se mettraient joyeusement sur la tronche !
Eh bien détrompez vous, Messire: Knightriders nous invite à suivre une troupe itinérante de motards - plutôt Flower Power que Hell's Angels - s'arrêtant de ville en ville pour y livrer ses joutes médiévales motorisées devant un public généralement constitué de beaufs ricains (l'occasion d'ailleurs d'un hilarant cameo de Stephen King). Cette troupe de ménestrels est placée sous la relative autorité d'un roi interprété par un tout jeune Ed Harris
Fatigué d'être un objet d'adoration pour ses sujets, le souverain attend qu'un preux chevalier vienne le défier pour le destituer de son trône. Serait-ce Morgan, le chevalier noir ? Tandis que les tensions s'installent, un impresario avide vient ajouter son grain de sel en promettant monts et merveilles à quelques un des plus fidèles sujets. La cour va alors se diviser en deux camps, l'un fidèle à l'idéal chevaleresque, l'autre plus volontier réceptif à l'appel du dollar facile.
En mettant en scène cette communauté pseudo médiéval, particulièrement inclusive
- un Merlin black et un chevalier femme en font partie - évoluant en marge de la société, George Romero semble interroger la survivance d'une utopie anarchiste et libertaire dans l'Amérique
profonde au lendemain des années 60 dont elle est l'héritage. Ce n'est donc peut-être pas un hasard si le roi Billy rappelle quelque peu - du moins physiquement - Ken Kesey à la tête de ses Merry Pranksters.
A noter que Knightriders vient d'être récemment réédité en DVD dans la collection Blaq Market. Parmi les sympathique bonus, le point de vue d'un historien remettant en perspective la fantaisie médiévale telle qu'elle a été appropriée par la génération hippie...
A la recherche des pépites discographiques, bobines filmiques et parchemins de comics perdus...
mercredi 21 mars 2018
lundi 12 février 2018
Black Sabbath - Heaven And Hell (Vertigo/Warner Bros - 1980)
Et si le légendaire Ronnie James Dio était l'une des plus belles plumes du heavy metal ? Petit focus sur les lyrics écrits pour l'album Heaven and Hell de Black Sabbath...
Aujourd'hui élevé au rang d'icône par la communauté metal, Ronnie James Dio (1942-2010) est encore, lorsqu'il rejoint Black Sabbath en 1980, un bien mystérieux personnage. Trainant ses frusques moyenâgeuses dans le circuit rock depuis 1958, son âge est à l'époque tenu secret. Son physique de lutin malicieux ajoute encore à sa mystique. Sans parler de ses textes qui, pour la plupart, évoquent les légendes oubliées d'une époque lointaine peuplée de preux chevaliers et de dragons féroces. Empreints d'une rare poésie, ils semblent souvent porteur d'un message caché, dont le sens profond demeure toutefois généralement insaisissable.
Je vais vous le prouver sans plus attendre en sélectionnant au hasard deux morceaux du légendaire répertoire de Ronnie. Voyons, voir... "If You Don't Like Rock n' Roll" ou "Long Live Rock N' Roll" de Rainbow ! Quoique, réflexion faite...
Penchons nous plutôt sur l'album Heaven and Hell de Black Sabbath . En rejoignant le groupe, Dio a transposé avec succès son imaginaire Donjons & Dragons dans l'univers très sombre du quartet de Birmingham. Offrant au passage certains de ses textes les plus ésotériques...
L'album s'ouvre ainsi sur Neon Nights sur lequel, aidé d'un riff chromé porté une rythmique pachydermique, Dio "en appelle aux légions des braves, le temps [étant] à nouveau venu de nous sauver des chacals de la rue" ("Cry Out to Legions of the Brave / Time Afain to Save Us From the Jackals of the Street").
Comme souvent, le chanteur semble utiliser le prisme des romans de chevalerie pour mieux nous parler du monde moderne, dont il se fait ici le moralisateur. Ces "chevaliers de néon" symboliseraient alors la banalisation de la violence urbaine et la disparition de l'élan chevaleresque qui animait les héros du temps jadis.
Le texte de "Children Of The Sea" aborde pour sa part le thème de l'écologie. Le morceau s'ouvre ainsi sur une délicate intro évoquant une aube nébuleuse de fin du monde :
"Un matin brumeux aux confins du temps, nous avons perdu le soleil levant, le signe final... Alors que le matin brumeux s'enroule pour mourir, cherchant à atteindre les étoiles, nous avons aveuglé le ciel"
("In the Misty Morning on the Edge of Time / We've Lost the Rising Sun A Final Sign / As the Misty Morning Rolls Away to Die / Reaching for the Stars We Blind the Sky").
Ce avant de chanter l'avènement d'un soleil noir, aidé par la lourdeur d'un riff proprement tellurique !
Sur le morceau titre "Heaven and Hell", le guitariste Tony Iommi renoue avec l'inspiration médiévale des premiers albums, offrant un écrin parfait à la voix de Ronnie James Dio dont les vocalises célestes semblent, le temps d'un pont lumineux, échappées des limbes. Sur des couplets autrement plus plombés, le poète encourage l'auditeur à chercher par lui-même des réponses à ses questions, le mettant en garde contre ces charlatans et bonimenteurs qui parcourent le monde:
"Si cela semble réel, ce n'est pourtant qu'illusion. Pour chaque moment de clarté, la vie offre son lot de confusion (...) Le monde est plein de rois et de reines, qui t'aveugleront pour voler tes rêves. Ils te diront qu'en réalité le noir est blanc, que la lune n'est autre que le soleil la nuit..."
("Well, If it Seems to Be Real it's Illuson / For Every Moment of Truth There's Confusion in Life (...) The World is Full of Kings and Queens / Who Blind your Eyes The Steal Your Dreams / And They'll Tell You Black is Really White / The Moon is Just the Sun At Night").
Pour comprendre le sens caché du morceau suivant, "Die Young", il convient justement de lire entre les lignes. Il ne s'agit pas, en effet, d'une invitation à mourir jeune en brûlant la chandelle par les deux bouts au nom d'un quelconque idéal rock n' roll. Au contraire ! Ce refrain enjoint en réalité l'auditeur de rester jeune d'esprit jusqu'à la mort, puisse ce jour fatidique arriver le plus tard possible. Venant d'un type qui, à 68 ans, écumait toujours les scènes en chantant ses exploits de tueur de dragon, on ne peut pas douter de la sincérité de ce texte !
Le poète nous rappelle donc de nous recentrer sur l'essentiel, sans succomber aux sirènes du matérialisme:
"Appelle en au vent ! Bien que leur souffle ne puisse t'aider à t'envoler. Te voici dos au mur!" - ("Gather the Wind / Though the Wind Won't Help You Fly At All / Your Back's to the Wall").
L'esprit ainsi débarrassé du superflu, il s'agit alors de rester ancré dans l'ici et le maintenant et de vivre le moment présent :
"Vis le jour présent, demain pourrait bien ne jamais venir"
("So Live for Today / Tomorrow Never Comes").
Enfin, ne jamais oublier de faire confiance à son intuition mystique:
"Ne vois-tu pas les inscriptions dans l'air ?"
("Can't You See the Writings in the Air ?")
Et vous, saurez-vous lire entre les lignes la prochaine fois que vous entendrez Dio pousser son chant?
Aujourd'hui élevé au rang d'icône par la communauté metal, Ronnie James Dio (1942-2010) est encore, lorsqu'il rejoint Black Sabbath en 1980, un bien mystérieux personnage. Trainant ses frusques moyenâgeuses dans le circuit rock depuis 1958, son âge est à l'époque tenu secret. Son physique de lutin malicieux ajoute encore à sa mystique. Sans parler de ses textes qui, pour la plupart, évoquent les légendes oubliées d'une époque lointaine peuplée de preux chevaliers et de dragons féroces. Empreints d'une rare poésie, ils semblent souvent porteur d'un message caché, dont le sens profond demeure toutefois généralement insaisissable.
Je vais vous le prouver sans plus attendre en sélectionnant au hasard deux morceaux du légendaire répertoire de Ronnie. Voyons, voir... "If You Don't Like Rock n' Roll" ou "Long Live Rock N' Roll" de Rainbow ! Quoique, réflexion faite...
Penchons nous plutôt sur l'album Heaven and Hell de Black Sabbath . En rejoignant le groupe, Dio a transposé avec succès son imaginaire Donjons & Dragons dans l'univers très sombre du quartet de Birmingham. Offrant au passage certains de ses textes les plus ésotériques...
L'album s'ouvre ainsi sur Neon Nights sur lequel, aidé d'un riff chromé porté une rythmique pachydermique, Dio "en appelle aux légions des braves, le temps [étant] à nouveau venu de nous sauver des chacals de la rue" ("Cry Out to Legions of the Brave / Time Afain to Save Us From the Jackals of the Street").
Comme souvent, le chanteur semble utiliser le prisme des romans de chevalerie pour mieux nous parler du monde moderne, dont il se fait ici le moralisateur. Ces "chevaliers de néon" symboliseraient alors la banalisation de la violence urbaine et la disparition de l'élan chevaleresque qui animait les héros du temps jadis.
Le texte de "Children Of The Sea" aborde pour sa part le thème de l'écologie. Le morceau s'ouvre ainsi sur une délicate intro évoquant une aube nébuleuse de fin du monde :
"Un matin brumeux aux confins du temps, nous avons perdu le soleil levant, le signe final... Alors que le matin brumeux s'enroule pour mourir, cherchant à atteindre les étoiles, nous avons aveuglé le ciel"
("In the Misty Morning on the Edge of Time / We've Lost the Rising Sun A Final Sign / As the Misty Morning Rolls Away to Die / Reaching for the Stars We Blind the Sky").
Ce avant de chanter l'avènement d'un soleil noir, aidé par la lourdeur d'un riff proprement tellurique !
Sur le morceau titre "Heaven and Hell", le guitariste Tony Iommi renoue avec l'inspiration médiévale des premiers albums, offrant un écrin parfait à la voix de Ronnie James Dio dont les vocalises célestes semblent, le temps d'un pont lumineux, échappées des limbes. Sur des couplets autrement plus plombés, le poète encourage l'auditeur à chercher par lui-même des réponses à ses questions, le mettant en garde contre ces charlatans et bonimenteurs qui parcourent le monde:
"Si cela semble réel, ce n'est pourtant qu'illusion. Pour chaque moment de clarté, la vie offre son lot de confusion (...) Le monde est plein de rois et de reines, qui t'aveugleront pour voler tes rêves. Ils te diront qu'en réalité le noir est blanc, que la lune n'est autre que le soleil la nuit..."
("Well, If it Seems to Be Real it's Illuson / For Every Moment of Truth There's Confusion in Life (...) The World is Full of Kings and Queens / Who Blind your Eyes The Steal Your Dreams / And They'll Tell You Black is Really White / The Moon is Just the Sun At Night").
Pour comprendre le sens caché du morceau suivant, "Die Young", il convient justement de lire entre les lignes. Il ne s'agit pas, en effet, d'une invitation à mourir jeune en brûlant la chandelle par les deux bouts au nom d'un quelconque idéal rock n' roll. Au contraire ! Ce refrain enjoint en réalité l'auditeur de rester jeune d'esprit jusqu'à la mort, puisse ce jour fatidique arriver le plus tard possible. Venant d'un type qui, à 68 ans, écumait toujours les scènes en chantant ses exploits de tueur de dragon, on ne peut pas douter de la sincérité de ce texte !
Le poète nous rappelle donc de nous recentrer sur l'essentiel, sans succomber aux sirènes du matérialisme:
"Appelle en au vent ! Bien que leur souffle ne puisse t'aider à t'envoler. Te voici dos au mur!" - ("Gather the Wind / Though the Wind Won't Help You Fly At All / Your Back's to the Wall").
L'esprit ainsi débarrassé du superflu, il s'agit alors de rester ancré dans l'ici et le maintenant et de vivre le moment présent :
"Vis le jour présent, demain pourrait bien ne jamais venir"
("So Live for Today / Tomorrow Never Comes").
Enfin, ne jamais oublier de faire confiance à son intuition mystique:
"Ne vois-tu pas les inscriptions dans l'air ?"
("Can't You See the Writings in the Air ?")
Et vous, saurez-vous lire entre les lignes la prochaine fois que vous entendrez Dio pousser son chant?
jeudi 11 janvier 2018
The Big Ol' Nasty Getdown - Volume 2 (Getdown Entertainment - 2018)
Avec ce "Volume 2", le collectif The Big Ol' Nasty Getdown n'offre rien d'autre que ce qu'il prétend être: un bon vieux boxon bien chanmé !
Lire notre chronique complète sur Funk-U.
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