jeudi 4 août 2016

George Clinton - Computer Games (Capitol Records - 1982)


Avec "Computer Games", premier album solo de George Clinton, et son tube "Atomic Dog', le P-Funk réussit une entrée fracassante dans les 80's à grand renfort de basses synthétiques. Woof!




1982. L'empire P-Funk s'est écroulé sous son propre poids.

Une grande partie de ses membres historiques, s'estimant injustement exploités par le capitaine Clinton, ont quitté le navire jurant qu'on ne les y reprendrait plus. Warner Bros a saboté le "Electric Spanking Of War Babies de Funkadelic et Parliament, depuis le décès de Neil Boggart, ne peut plus compter sur le soutien inconditionnel de Casablanca pour lui permettre les pires extravagances.

Quant à George Clinton, il observe le Mothership se vautrer dans le virage des 80's avec l'équanimité d'un vieux sage chinois au son du crépitement des cailloux dans sa pipe à crack. Autre drogue, autre époque...

Qu'importe, le Funk est tout ce qu'il doit être au moment où il a besoin de l'être comme a coutume de le dire le Maggot Overlord. Sur "Computer Games", son premier album solo, il prendra la forme d'un monstrueux rouleau compresseur aux basses synthétiques et aux claps électroniques, parfaitement en phase avec son époque.

Le morceau titre, illustré par une superbe pochette de Pedro Bell, surfe ainsi sur la vague "Tron" en mettant un scène un jeux vidéo déjanté pouvant faire la pige à un canard, un œuf ou encore un siège de toilettes (sic).

Mais Clinton se révèle surtout visionnaire en préfigurant le sampling sur l'obsédant "Loopzilla"qui voit se télescoper hits Motown et auto-citations funkadéliques. Le son de synthé basse de "Man's Best Friend" sera quant à lui copié à mort par le bon Dr Dre et son toutou Snoop à l'aube de la décennie suivante.




C'est toutefois le hit "Atomic Dog" qui rentrera dans l'histoire en servant de base à un nombre infini de titres G-Funk. Ce titre, construit par le fidèle lieutenant Garry Shider et le claviériste David Spradley, autour d'une impro hallucinée d'un Clinton fracassé dans la cabine de studio, est un festival de chants délirants sur un beat irrésistible.




La nouvelle lubie canine de Clinton s'inscrira durablement dans la mythologie P-Funk comme symbole des instincts naturels de l'homme, flattés et abusés à des fins consuméristes et totalitaires par l'establishment.

Moins canin mais tout aussi mordant, "Free Alteration", chanson pop aux superbes arrangements vocaux, compare quant à elle les coupes budgétaires de l'administration Reagan aux retouches gratuites d'un costume d'enterrement pour le défunt Oncle Sam. La superficialité des rutilantes 80's n'a ainsi pas entamé le credo du P-Funk : faire danser intelligemment.  

Avec "Computer Games", George Clinton nous offre donc un album fun et intemporel, un peu comme ces jeux vidéos 8 bits auxquels on rejoue aujourd'hui avec le même plaisir qu'hier. Woof!

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