jeudi 1 décembre 2016

Doctor Strange: une interprétation psychésotéricospirituelle

Plus qu'un simple blockbuster, le dernier film estampillé Marvel Comics est un creuset de références improbables où se mêlent joyeusement psychédélisme, sagesse orientale et connaissances ésotériques. 



Dernier superhéro issu du la célèbre maison d'édition a avoir été porté à l'écran, le Docteur Strange peut se targuer d'avoir apporté un coup de fraîcheur à la série des films Marvel dont la formule commençait sérieusement à s'essouffler. Un pari pourtant risqué tellement l'univers du bon docteur,  empreint de paranormal et de mysticisme, est à mille lieues des mutants et autres machines de guerre auxquels a pu s'habituer le spectateur.

Créé en 1963, le Docteur Strange est, à l'instar de ses collègues X-Men, un pur produit de son époque. Mais si le combat des mutants pour l'intégration des mutants à la société faisait écho à celle des afro-américains pour la reconnaissance de leurs droits civiques, le Docteur Strange entendait, pour sa part, refléter la contre-culture de l'époque, marquée par le LSD et un intérêt nouveau de l'occident pour la spiritualité orientale. Ce qu'ont certainement tenu à rappeler les auteurs du film, en distillant ça et là quelques références bien senties aux 60's psychédéliques...

Ainsi, un Stan Lee hilare effectue ainsi son cameo habituel plongé dans la lecture incrédule des "Portes de la perception" d'Aldous Huxley. Ce livre, relatant les expériences de l'auteur du "Meilleur des Mondes" avec la mescaline, fait en effet partie des ouvrages de références sur l'expansion de conscience.





Ailleurs, le spectateur accompagne Benedict Cumberbatch, le temps d'une scène hallucinée aux allures de trip acide, dans un délirant tourbillon psychédélique jusqu'aux confins de l'univers. Un voyage cosmique qui n'est pas sans rappeler celui décrit par Timothy Leary dans "The Psychedelic Experience", réécriture lysegique du "Livre des Morts Tibétains". Une référence qui excuserait, dans une certaine mesure seulement, l'utilisation d'un folklore bouddhique édulcoré pour illustrer l'initiation de Strange au fin fond du Népal. 




Privé de l'usage de ses mains à la suite d'un accident de voiture, le Docteur Stephen Strange, arrogant chirurgien, cherche par tout moyen à en retrouver l'usage afin de retrouver sa gloire passée. Il atteindra son but sous l'égide de l'Ancien, une sorcière celtico-bouddhiste, sorte d'hybride improbable entre Sinéad O'Connor et le Dalaï-Lama. Mais, sur le chemin, Strange a changé et désormais la vanité et les futilités de son existence passée ne l'intéressent plus. Dès lors, il utilisera les pouvoirs nouvellement acquis à la protection de l'humanité et, plus largement, du cosmos. 

Si la forme peut paraître un peu grossière, reste qu'on peut voir dans la transformation de Strange  la réalisation de sa nature de Bouddha. L'Ancien n'invite-t-il expressément  Strange à se débarrasser de son ego, considéré par le bouddhisme comme une illusion ? La perte de ses mains symboliserait alors un renoncement (contraint) au monde matériel, rappelant le mudra que le méditant zen forme avec ses doigts : une position dans laquelle il est impossible d'attraper ou de manipuler quoi que ce soit. En progressant sur la voie spirituelle, Strange développe la compassion, qualité indispensable au bodhisattva, et poursuivra désormais des fins moins égoïstes.





Ce voyage initiatique vers l'orient à la recherche d'un enseignement secret rappelle celui raconté par Georges Gurdjieff dans son autobiographique "Rencontres avec des hommes remarquables". Cet illustre moustachu, détenteur d'un savoir ancestral pour certains et dangereux charlatan pour d'autre, l'homme devait apprendre à devenir un être complet en vibrant en harmonie avec les forces cosmiques.  Le personnage du Docteur Strange fait d'ailleurs grand usage du corps astral, l'une des quatre enveloppes dont est composé l'être humain selon Gurdjieff. 



Autre grande figure de l'ésotérisme, Cagliostro est quant à lui directement visé comme l'auteur d'un livre servant de porte vers les plus sombres dimensions cosmiques. S'il a prêté son nom à un personnage tiré de l'univers Marvel, le comte de Cagliostro est avant tout un personnage historique dont les supposés talents de guérisseur et de devin ont fait sensation au sein de la haute société du XVIIIème  siècle. Disciple du non moins mystérieux comte de Saint-Germain, il avait, dit-on, percé les secrets du grand œuvre alchimique à savoir la réalisation de la pierre philosophale. 


Cette pierre philosophale (oui, la même que dans Harry Potter)  qui permettait, outre la transmutation des métaux vils en or, d'atteindre l'immortalité.  Attribut dont jouit justement, dans le film, l'Ancien dont le look asexué rappelle par ailleurs le rebis, produit final du grand œuvre généralement représenté sous la forme d'un androgyne, symbole de l'union cosmique des énergies contraires.  



Les Marvel Comics apparaissent donc bien plus riches que les inepties auxquels certains voudraient un peu trop rapidement les réduire. A condition, c'est vrai, de tirer un bon coup sur les proverbiaux cheveux...   




jeudi 1 septembre 2016

De La Soul - and the Anonymous Nobody (AOI Records - 2016 )

"and the Anonymous Nobody" marque le retour gagnant de De La Soul après un silence discographique de plus de dix ans. Mais qui est cet "Anonymous Nobody" ? 



"Saviors, heroes? Nah. Just common contributors hopin' that what we created inspires you to selflessly challenge and contribute. Sincerely, anonymously... nobody."

C'est sur ces mots que Dave alias Trugoy conclut le huitième album de De La Soul, laissant peut de doute sur l'identité du mystérieux inconnu: la communauté Kickstarter qui, par ses dons, a permis au groupe d'enregistrer cet album avec un comfortable budget de plusieurs centaines de milliers de dollars. Ce qui soulève inévitablement la question: est-ce qu'un groupe comme De La a besoin d'un pareil budget pour enregistrer un album? Non. Mais bien sur, le trio n'est pas tombé dans le piège évident consistant à s'efforcer de claquer cette somme obscène jusqu'au dernier centime, quitte à ce que la nécessité de dépenser tout cet argent serve de seule ligne directrice à l'album... Si?  Eh bien...

Pour s'en convaincre, il suffit de jeter un œil à la liste des invités: Snoop Dogg, Usher, David Byrne... Force est de constater que les 3 plugs Maseo, Pos et Dave ont tendance à s'effacer devant ces contributeurs pas si communs. Sur "Drawn" featuring Little Dragon, il faut patienter plus de cinq minute pour entendre Pos poser un couplet. Pas mal pour un morceau long de... cinq minutes trente! On se demande presque si cet "Anonymous Nobody" ne serait pas finalement le groupe lui-même...






Mais n'est-ce pas un travers bien connu des albums hip hop d'être noyé par une pléiade d'invités ? D'autant plus que la démarche style "De La Soul presents..." est finalement bienvenue s'agissant de rap, un style où l'album est souvent moins représentatif de la personnalité de son auteur que de la vision fragmentée d'une multitude de producteurs se relayant à chaque tour de piste. "and the Anonymous Nobody" doit donc s'apprécier comme une Production De La Soul à gros budget. Après tout, reproche-t-on à Quincy Jones de ne pas jouer une note sur "The Dude"? 


En tout état de cause, l'album se distingue moins par son impressionnant casting que par la diversité des styles abordés. Comme si De La Soul avait avant tout décidé d'enregistrer de la musique au sens large, sans rechercher une quelconque crédibilité hip hop (qu'il n'a de toute manière plus à prouver). Certains morceaux mettent en avant l'expérimentation (le superbe "Greyhounds"), tandis que d'autres sonnent carrément pop (le final "Exodus) ou rock (le hard émulé et ampoulé de "Lord Intended"). L"Anonymous Nobody" pourrait ainsi tout aussi bien faire référence à ce caractère transgenre échappant à toute catégorisation...



A moins qu'il ne s'agisse de ces requins de studio, contributeurs discrets mais omniprésents de l'industrie musicale  ? L'album a en effet été construit autour de jams conduits par la fine fleur des cachetonneurs de Los Angeles. Arrangements de cuivres rutilants, lignes de basse groovy et arpèges de guitare contribuent ainsi à une instrumentation live riche et savante, notamment sur le majestueux "Royalty Capes":


"Us 3 be the Omega like fish oil, This royal right be own no rentals". Si le flow est plus posé que par le passé, les jeux de mots en mille feuilles et les rimes complexes du duo de rappeurs Dave et Pos se encore bonifiées avec le temps. Autre perle: "Two words: I'm mortal. But the fans lift'em both together and remove the apostrophe"...

Aucun doute, finalement. Flows fluides et rimes en or: on tient bien là un album de De La Soul.

jeudi 4 août 2016

George Clinton - Computer Games (Capitol Records - 1982)


Avec "Computer Games", premier album solo de George Clinton, et son tube "Atomic Dog', le P-Funk réussit une entrée fracassante dans les 80's à grand renfort de basses synthétiques. Woof!




1982. L'empire P-Funk s'est écroulé sous son propre poids.

Une grande partie de ses membres historiques, s'estimant injustement exploités par le capitaine Clinton, ont quitté le navire jurant qu'on ne les y reprendrait plus. Warner Bros a saboté le "Electric Spanking Of War Babies de Funkadelic et Parliament, depuis le décès de Neil Boggart, ne peut plus compter sur le soutien inconditionnel de Casablanca pour lui permettre les pires extravagances.

Quant à George Clinton, il observe le Mothership se vautrer dans le virage des 80's avec l'équanimité d'un vieux sage chinois au son du crépitement des cailloux dans sa pipe à crack. Autre drogue, autre époque...

Qu'importe, le Funk est tout ce qu'il doit être au moment où il a besoin de l'être comme a coutume de le dire le Maggot Overlord. Sur "Computer Games", son premier album solo, il prendra la forme d'un monstrueux rouleau compresseur aux basses synthétiques et aux claps électroniques, parfaitement en phase avec son époque.

Le morceau titre, illustré par une superbe pochette de Pedro Bell, surfe ainsi sur la vague "Tron" en mettant un scène un jeux vidéo déjanté pouvant faire la pige à un canard, un œuf ou encore un siège de toilettes (sic).

Mais Clinton se révèle surtout visionnaire en préfigurant le sampling sur l'obsédant "Loopzilla"qui voit se télescoper hits Motown et auto-citations funkadéliques. Le son de synthé basse de "Man's Best Friend" sera quant à lui copié à mort par le bon Dr Dre et son toutou Snoop à l'aube de la décennie suivante.




C'est toutefois le hit "Atomic Dog" qui rentrera dans l'histoire en servant de base à un nombre infini de titres G-Funk. Ce titre, construit par le fidèle lieutenant Garry Shider et le claviériste David Spradley, autour d'une impro hallucinée d'un Clinton fracassé dans la cabine de studio, est un festival de chants délirants sur un beat irrésistible.




La nouvelle lubie canine de Clinton s'inscrira durablement dans la mythologie P-Funk comme symbole des instincts naturels de l'homme, flattés et abusés à des fins consuméristes et totalitaires par l'establishment.

Moins canin mais tout aussi mordant, "Free Alteration", chanson pop aux superbes arrangements vocaux, compare quant à elle les coupes budgétaires de l'administration Reagan aux retouches gratuites d'un costume d'enterrement pour le défunt Oncle Sam. La superficialité des rutilantes 80's n'a ainsi pas entamé le credo du P-Funk : faire danser intelligemment.  

Avec "Computer Games", George Clinton nous offre donc un album fun et intemporel, un peu comme ces jeux vidéos 8 bits auxquels on rejoue aujourd'hui avec le même plaisir qu'hier. Woof!

jeudi 30 juin 2016

Bernie Worrel : Rest In "P"

Le geek des claviers aux allures du savant fou et Merlin l'Enchanteur du P-Funk, Bernie Worrell est parti rejoindre le Mothership quelque part dans la galaxie, ce 24 juin 2016.






Enfant prodige du piano doué de l'oreille absolu, Bernie a tôt fait de déserter les bancs des concertos pour accompagner les vedettes du R n' B sur le "chitlin' circuit" des 60's avec de rejoindre Funkadelic à l'aube des 70's. Moins exposé que ses compères George Clinton et Bootsy Collins, il était pourtant à leurs côtés l'un des architectes du son P-Funk.

Défricheur de sons, Bernie aura été l'un des pionners du Moog,ce qui ne l'empêchait pas de jouer de tout ce qui comporte des touches noires et blanches: Yamaha, ARP, Clavinet, mélodica... Il restera notamment dans l'histoire pour avoir eu l'idée géniale de superposer trois Minimoogs afin d'en extraire le son de synthé basse révolutionnaire du séminal "Flashlight" de Parliament.

Son sens absurde de l'à-propos, ses influences baroques et son goût pour l'expérimentation ont ainsi marqué nombre de productions, au delà même du giron P-Funk puisque Bernie collaborera à partir des 80's avec pléthore d'artistes dans des univers très variés, notamment, les Talkings Heads (voir le live "Stop Makin' Sense"), Fela Kuti (l'album "Army Arrangement") ou encore Keith Richards (l'opus solo "Talking Is Cheap").

L'influence de Worrell se fera entendre dans les 90's à travers le son G-Funk initié par Dr. Dre ("Dr. Dre should have a holiday for Bernie Worrell" , selon Mos Def), tandis qu'il poursuivra jusque dans les années 2010 les tournées avec ses Woo Warriors ainsi que les collaborations les plus improbables (l'excellent "Transmutation" de Praxis sous l'égide de Bill Laswell en 1992 ou encore "Turn My Teeth Up de baby Elephant avec Prince Paul et Newkirk en 2007).

Geek des claviers aux allures du savant fou et Merlin l'Enchanteur du P-Funk,  Bernie Worrell est finalement parti rejoindre le Mothership ce 24 juin 2016, date terrestre. Nul doute que les sons cosmiques de cet homme de l'ombre modeste et insuffisamment reconnu de son vivant seront plus à même d'être appréciés, quelque part dans l'univers, par une hypothétique civilisation en avance sur nous de quelques années lumières...

 Pour les retardataires, petite séance de rattrapage:


  • Flashlight de Parliament ("Funkentelechy vs The Placebo Syndrome", Casablanca 1977) où quand Bernie permet à Parliament de scorer son premier #1 R&B tout en imposant un son de synthé basse qui fera école:


  • "War Ship Touchante" des Brides Of Funkenstein ('Funk Or Walk", Atlantic 1978) ou l'incursion du Funk dans la Sci-Fi avec l'emprunt du thème de "Rencontres du Troisième Type": 

  • "Atmosphere" de Funkadelic ("Let's Take It To The Stage", Westbound 1975) ou le maestro en plein délire baroque:


  • Les sons spatiaux du "Mothership Connection" de Parliament ("Mothership Connection", Casablanca 1975) inspireront à Dr. Dre l'acquisition d'un synthétiseur Moog lors d'une brocante de quartier et la création de son G-Funk (écouter à partir de 5 min 12s): 




  • 1984, Worrell colore le son des Talking Heads tout en leur apportant une crédibilité funk au rock arty du groupe new-yorkais:


  • "Time Was (Events In The Elsewhere)" et sa superbe intro sur l'excellent album solo "Blacktronic Science" (Gramavision 1993):


  • Intergénérationnel, Bernie s'offre une récréation avec ses potes Les Claypool et Buckethead au sein   du Colonel Claypool's Bucket Of Bernie Brain (""The Big Eyebal In The Sky", Prawn Song 2004):


jeudi 23 juin 2016

Video: Thundercat - "Song For The Dead "

Le super-héro Thundercat dévoile une vidéo en forme de trip animé pour la très introspective "Song For The Dead", tirée du mini-album "The Beyond/Where The Giants Roam" (Brainfeeder, 2015):




Un voyage intérieur qui n'est pas sans rappeler l'esprit et le graphisme de la série animée "Arzach Rhapsody" du regretté Moebius:



mercredi 22 juin 2016

The Claypool Lennon Delirium - The Monolith Of Phobos (ATO Records ‎– 2016)

Avec "The Monolith Of Phobos", The Claypool Lennon Delirium nous offre un bazar halluciné qui mérite bien le nom de monolythe tellement la rencontre de deux univers a priori très éloignés abouti à une suprenante homogénéité. 



Les plus perspicaces d’entre l'auront deviné, ce « The Monolith Of Phobos » de The Claypool Lennon Delirium est le fruit de la collaboration improbable entre Les Claypool, bassiste iconoclaste de Primus, et Sean Lennon, le fils de vous-savez-qui.  Un  bazar halluciné qui mérite bien le nom de monolythe tellement la rencontre de deux univers a priori très éloignés abouti à une suprenante homogénéité. 

Le contraste entre l’approche instinctive de Claypool et la délicatesse des mélodies tordues de Sean permet en effet la mise en valeur de chacune dans un équilibre parfait. Sean Lennon y trouve ainsi une occasion de d’affirmer son identité musicale en empêchant la phagocytose du projet par Claypool et offre par la même occasion un coup de frais bienvenu à la singularité du bassiste confinant parfois à l’auto-parodie à force de tourner en rond.

Psyché, malsaine et funky, la musique du duo est aussi aventureuse que celles des 60’s et 70’s dont elle semble directement s’inspirer.

Lennon et Claypool se partagent à tour de rôle batterie et mellotron, chacun conservant l'exclusivité de son instrument de prédilection (guitare acide pour l'un, basse élastique pour l'autre), ainsi que la production pour un son organique et plutôt rétro.  Des sonorités kitsh illustrent ainsi l’ambiance spatiale du morceau titre qui ouvre l'album: tandis que le diptique « Cricket And The Genie » évoque ainsi le meilleur du prog originel:




Les voix aux timbres toonesques se complétent à merveille, invitant l’auditeur à des réflexions métaphysique sur le satellite de Mars ou encore  l’absurdité de l'existence de Bubbles, le chimpanzée de Michael Jackson, sur le superbe « Bubbles Burst » (pour l’anecdote, Sean Lennon a vécu une enfance princière qui l’a notamment amené à séjourner à Neverland et à jouer dans le long métrage « Moonwalker »):




Si les supergroupes et autres rencontres au sommet ne sont souvent que des pétards mouillés, The Lennon Claypool Delirium fait figure d’exception en nous offrant un album inventif qui, s'il ne sera certainement qu'un one-shot, marquera la discographie de chacun de ses coauteurs.

samedi 23 avril 2016

Boo-Yaa T.R.I.B.E "New Funky Nation" (4th & Broadway ‎– 1990)

Avec ce « New Funky Nation », Boo-Yaa T.R.I.B.E préfigurait dès 1990 les sonorités G-Funk que Dr Dre développerait quelques années plus tard sur « The Chronic tout en rendant hommage au funk des 70’s.


Boo Yaa Tribe New Funky Nation


Sumotoris gavés au P-Funk, les frères Devoux ont fait sensation sur la scène musicale du début des 90’s sur la fois d’un premier album ultra prometteur, "New Funky Nation". Ce disque préfigurait les sonorités G-Funk que Dr Dre développerait quelques années plus tard sur « The Chronic tout en rendant hommage au funk des 70’s via une instrumentation live mettant en valeur les superbes lignes de basse de l’énorme Monsta O.

En s’érigeant « Nouvelle Nation Funky », les Boo-Yaa T.R.I.B.E comptaient s’ériger en dignes héritiers de George Clinton, la pochette et le nom de l’album faisant d’ailleurs référence au « One Nation Under A Groove » de Funkadelic.  Le morceau titre est, à ce titre, une véritable déclaration d’intention avec cuivres, chœurs féminins et section rythmique au cordeau.

La comparaison avec les anciens s’arrêtent là. Exit les concepts fumeux d'unité cosmique et autres fantaisies psychédéliques, les samoans puisent leur inspiration dans leur période d’incubation à Carson, banlieue de Los Angeles, qui a fait d’eux de véritables OG’s, craints et respectés.  

Tandis que Ganxsta Ridd, le rappeur lead au flow brut et puissant, nous régale d’histoires de règlement de comptes entre gangs, l’ainé Samoan Godafther arrondit les angles avec son chant gorgé de soul: « Once Upon A Drive By »...




Même « Psyko Funk », le hit commercial de l’album porté par un clip délirant, parle au final de mettre à sac une boîte de nuit, histoire d’y mettre un peu d’ambiance. 




Un sens de la fête franchement douteux déjà mis en avant sur "R.A.I.D",  où, sur un refrain emprunté au groupe funk Lakeside, les Boo-Yaa prennent en otage le dance floor... littéralement. 




Le saturé "Pickin'Up Metal"  clôt cet album de maboule guitares en avant sur une note prophétique. Après un second album, "Good Times Bad Times" sensé transformé l'essai mais finalement jamais sorti pour d'obscures raisons de business, l'aura médiatique des samoans ne cessera de faiblir. 

Blacklisté par une industrie du disque habituée aux gangsters marketés et prenant peur devant ces O.G's surdoués mais ingérables, Boo-Yaa T.R.I.B.E trouvera son public en exploitant une veine metal fusion alors très à la mode: la collaboration avec Faith No More "Another Body Murdered" puis l'album "Angry Samoans".